Librairie Pierre Saunier

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Schnitzler (Arthur).
Anatole. Traductions de Maurice Rémon & Maurice Vaucaire.

Paris, P.-V. Stock & Cie, 1913 ; in-12, bradel demi percaline violette à coins, tête or, non rogné, couverture conservés (Pierson). 275 pp., 2 ff. dont table.

3 500 €

Édition originale française.

Un des 9 exemplaires imprimés sur papier de Hollande paraphés par l’éditeur, seul tirage en grand papier.

Double envoi a. s., de l’auteur et du traducteur :

Herrn Stock, mit verbindlichem Gruss, Arthur Schnitzler.

C’est à dire : A Monsieur Stock, avec mes sincères salutations, Arthur Schnitzler.

Puis : à Monsieur Stock, en cordial souvenir de son tout dévoué Maurice Rémon.

Sont jointes deux lettres a. s. signées de Maurice Vaucaire à l’éditeur Stock : 21 oct 1912 : Cher ami, où en est-on dans l’affaire d’Anatole ? Convoquez-nous un de ces matin vers 11 h car l’après midi je suis pris par des répétitions et le soir à 6h je dois être à Excelsior. Amitiés. M. Vaucaire. / Avez-vous lu le Lieutenant Gustel – cette nouvelle gaie et originale est bien dans la note du bouquin (Anatole, n.d.r. l.) – 13 janvier 1913. Cher ami, voulez-vous m’autoriser à toucher les IIIe qui me reviennent dans l’édition Schnitzler-Rémon-Vaucaire car je pars dans le midi une courte durée – vous m’obligerez et je vous serre la main en attendant le plaisir de vous voir. Votre M. Vaucaire / J’ai dit à M. Rémon que vous étiez en possession de cet étonnant Lieutenant Gustel. Il a trois ou quatre nouvelles qui se complèteront pour un volume prochain. Écrivain chansonnier du Chat Noir (auteur des Petits Pavés repris depuis par Gainsbourg et Nougaro), Vaucaire traduisit 3 piécettes d’Anatole (son compte est bon).

Je ne sais chanter d'autre chant que celui trop familier de l'amour, du jeu et de la mort, écrivait en 1925 le grand écrivain viennois à propos de sa "Nouvelle rêvée" que Stanley Kubrick porta au cinéma dans son ultime film testament à la fin du siècle dernier, Eyes Wide Shut. Cela vaut aussi pour Anatole, la première œuvre qu'Arthur Schnitzler écrivit pour le théâtre et qu’il publia en 1893, peu après avoir quitté le service du psychiatre Theodore Meynert « familier des techniques psychothérapeutiques de l’hypnose et de la suggestion » pour ouvrir à Vienne son propre cabinet médical … 

Anatole est un grand séducteur viennois – un mélancolique inconstant comme il se définit lui-même – qui collectionne belles femmes, grisettes ou mondaines mariées qui le rejettent, et qui ne fait que passer d’une aventure à une autre – d’une déconvenue à une autre pourrait-on dire – au cours de 7 scénettes, toutes indépendantes (la 8eme et dernière ne le concernant plus) dans lesquelles Schnitzler décrit les désirs et les désillusions avec subtilité, pertinence et humour. Anatole annonce déjà le déploiement dramaturgique de La Ronde, 1897, que Stock vient précédemment de publier en français, en 1912 (cf. Friperies, n°240). Ajoutons que Sigmund Freud, tout ébaubi par Anatole, écrivit à son compatriote viennois toute son admiration (on résume).

Les envois autographes d’Arthur Schnitzler sur une de ses traductions sont exceptionnels – il fallait bien distinguer Pierre-Victor Stock, éditeur courageux et audacieux.

Reliure caractéristique des livres de la bibliothèque de P.-V. Stock. Dos un peu éclairci.